« Lâcher prise » ou « laisser faire » ?

Mon amie Catherine venait de m’adresser l’injonction « lâche prise ». Je lui rétorque que ce conseil m’a toujours rendu plus qu’indifférent et m’a même bloqué. Avec le naturel qui lui est propre, elle me répond « c’est vrai que je lui préfère l’appellation ‘laisse-faire’ ». Sans trop savoir pourquoi, sa remarque me libère. Je trouve cela génial. Ça me parle t’autant plus que j’ai décodé dans mes livres consacrés à Process Communication le style de management « délégatif » que Taibi Kahler a renommé « laisser-faire ».

Lâche prise

L’injonction « lâche prise » est une des tartes à la crème du développement personnel. ça  m’a toujours été insupportable. Sans y avoir réfléchi je me disais que c’était en réaction avec ce qui se répète bêtement. Il n’en est rien. En fait, c’est un ordre et de quel droit un interlocuteur me donnerait un ordre ? Même s’il prend des gants du genre « tu devrais lâcher prise », je ne lâche pas prise, ça ne me correspond pas, je ne sais pas faire et je n’en ai pas envie. Cette injonction ne changera rien à l’affaire.

Si comme moi vous avez 100% d’énergie dans vos Personnalités-PCM Persévérant et Analyseur (Travaillomane) vous savez qu’abandonner tout contrôle est un sacrifice douloureux.

Mais alors pourquoi j’accueille le « laisser-faire » ?

Le « laisser-faire », ses 3 valeurs

« laisser-faire » est l’appellation dont Taibi Kahler a renommé le style de management habituellement traduit par « délégatif »⁽²⁾. On peut se dire à première vue que « laisser-faire », ne peut pas être du management. Mais on peut se dire aussi que manager ce n’est pas non plus être en permanence dans le contrôle. Alors qu’en est-il ? Dans chacun de mes ouvrages publié⁽¹⁾ je décortique les 3 valeurs de ce style qui est de plus en plus un style-clé dans notre société d’aujourd’hui. Voici ces valeurs : la solidarité, la légèreté et la liberté.

C’est le seul style qui convient à la personne qui présente sa Personnalité-PCM Énergiseur. Voyons les 3 valeurs pour cette personne.

Solidarité : Vous aurez remarqué que cette personne est spontanément solidaire aux causes humaines.

Légèreté : Dans son relationnel, elle est légère. Elle peut être perçue comme inconséquente mais c’est aller trop vite en jugement ; apporter de la légèreté à la vie est un cadeau.

Liberté : La personne aura d’autant moins de frein à s’exécuter qu’elle se sentira libre de faire ou pas. Sa croyance inconsciente, c’est que le monde irait mieux sans hiérarchie, sans système de pouvoir.

Mais comment mettre ces 3 valeurs dans un ordre managérial ? je l’illustre dans une phrase que j’invite les managers à employer. C’est « ce serait bien si tu faisais cela ». Je vous laisse expérimenter l’efficacité de cet ordre. Vous pouvez  éventuellement approfondir la technique dans mes livres. Est-ce un ordre pourront se demander ceux qui sont dans la Porte de Communication de la Pensée ? Hé oui ! puisque les managers qui utilisent cette formulation disent qu’ils obtiennent un résultat qu’ils n’obtenaient pas autrement. C’est pourquoi ils qualifient ce style de magique.

Laisse faire

Vous remarquerez que l’usage de la formulation « laisse faire » délivre un ton différent. En effet, le ton est plus doux, la phraséologie est souple, elle coule, elle est amicale. Le « laisse faire » est une invitation qui ne me culpabilise pas. Elle m’invite à adopter l’ état d’observateur. Ce qui me va bien car je garde un certain niveau de contrôle.

Nous y retrouvons les 3 valeurs du style de management « laisser-faire » : La solidarité se décèle de la manière suivante : le « lâche-prise » inclut un jugement. Alors que le « laisse faire » se vit comme un soutien. Ensuite pour la légèreté, nous avons même vu la différence dans la sonorité entre les 2 injonctions. Et enfin la Liberté, le « laisse faire » n’est pas contraignant.

Dans le « laisse faire « nous retrouvons les 3 valeurs  – la solidarité, la légèreté et la liberté développées en 2008 dès mon 1^er livre.

Philosophie de vie

Le « laisse faire » est presque une philosophie de vie. « laisse faire » est un encouragement à ne pas se précipiter dans le jugement. Retarder le jugement, c’est préserver une qualité relationnel. Le jugement est un élément dévastateur du relationnel, une prise de distance, une classification sans appel. « Laisse faire » c’est seulement un encouragement, voyez comme c’est léger. Dans le « laisse faire » on entend « ne te fais pas de souci ». C’est amical presque affectueux. Nous pouvons aussi entendre un « économise toi », recommandation attentionnée.

Une école de vigilance

Se donner du temps pour intervenir et observer a un nom, c’est la vigilance. C’est parce que c’est une forme subtile de contrôle que c’est acceptable par les Personnalités qui sont principalement dans la Porte de la Pensée. Rien n’empêche d’intervenir quand le contexte le justifiera. On devine aussi que l’on ne se désintéresse pas du sujet et que l’on reste vigilant ou plutôt que l’on apprend à être vigilant.

C’est en même temps un apprentissage pour ces Personnalités de ne pas être dans le manichiéisme « je contrôle tout » ou « je ne contrôle rien car je fais confiance ». Surtout la Personnalité-PCM Persévérant apprend à faire confiance d’emblée et en même temps à rester toujours vigilante. C’est un défi mais « laisse faire » est une école qui nous façonne pour le meilleur.

Et vous ?

La prochaine fois que vous aurez envie de dire à un ami « lâche prise », expérimentez « laisse faire » et observez le changement, même dans votre ton.

Merci à Catherine de m’avoir fait découvrir qu’il y avait une alternative au « lâcher-prise ». Depuis, quand quelqu’un me dit « lâche-prise » je traduis intérieurement son injonction par « laisse-faire ». Cela m’apporte une forme d’apaisement.

Christian Becquereau

Assisté de Sylvie Nélaton

1-

• Process Com pour les managers P2008 Ed Eyrolles
• La Process Com P2015 Ed Eyrolles
• Lâchez les comportements qui vous jouent des tours (avec Process Com) P2022 Ed Eyrolles

• 2-

• Les ‘ styles de management ont été découverts et définis par Blake et Mouton dans les années 60.